Le slut-shaming (en français « humiliation des salopes ») est un phénomène qui s’apparente au harcèlement et qui consiste à humilier ou rabaisser une fille/femme sous prétexte de sa sexualité réelle ou supposée. Dès qu’une adolescente « s’éloigne de la norme » et même quand elle n’a strictement rien fait, elle doit subir des brimades.
Le slut-shaming peut se manifester de façon suivante :
- Insultes;
- Rumeurs (hé, unetelle a couché avec trois mecs en une semaine…) ;
- Commentaires désobligeants concernant la tenue, le comportement ou même l’anatomie de la cible ;
- Demandes abusives (si t’as couché avec truc, tu dois coucher avec moi…) ;
- Harcèlement électronique (par le biais des réseaux sociaux, des blogs...);
- Etc.
Le slut-shaming constitue une forme de harcèlement. En tant que tel, il ne peut pas et ne doit pas être toléré.
Voici quelques idées reçues sur le slut-shaming :
Ça ne fait pas de mal, on veut juste rigoler
Toute forme de harcèlement est inacceptable. Le slut-shaming peut avoir des conséquences très graves, comme dans le cas de Rehtaeh Parsons. C’est un problème à prendre très au sérieux.
Moi, je n’embrasse jamais dès le premier soir. Celles qui le font sont des sa***.
Le fait d’attendre ou non le deuxième rendez-vous (ou le dixième, ou même le mariage) avant d’embrasser, d’avoir des rapports sexuels ou de faire n’importe quoi est un choix personnel. Chacun fait ses choix et il n’y a aucun mal à prendre ses propres décisions.
En revanche, il y a un problème quand on veut contrôler la vie des autres. Si votre voisine décide d’embrasser son copain dès le premier soir, d’embrasser sa copine dans un lieu public, de porter une jupe courte ou au contraire de rester chaste jusqu’à la fin de ses jours, c’est elle que cela regarde, pas vous.
Si elle se fait violer, c’est qu’elle l’a un peu cherché. On n’a pas idée de porter une tenue pareille/boire de l’alcool/mettre sa photo en tenue légère sur son blog.
On n’a surtout pas idée de blâmer la victime !
Le fait de prétendre qu’une femme violée l’a cherché sous-entend que les hommes en général sont des êtres primaires, faibles, bestiaux, obsédés par le sexe, incapables de contrôler leurs pulsions et qui pensent avec leurs hormones, jamais avec leur tête ou leur cœur. Si tous les hommes étaient comme ça, ça se saurait. La pratique du slut-shaming insulte non seulement toutes les femmes, mais aussi tous les hommes.
Moi, je dis que c’est pas normal : il y a des fillettes de 13 ans qui se promènent avec le string qui dépasse. Il faut bien les remettre à leur place !
Cette affirmation, Laci Green (éducatrice en sexualité et auteure de vidéos fort intéressantes et sous titrées vf) y a déjà répondu bien mieux que moi sur cette page. Si vous ne parlez pas anglais, voici un résumé de sa réponse :
Oui, il y a un problème avec ce genre de situations. Non, vous ne valez pas mieux que les filles en question. Et non, CELA NE JUSTIFIE EN RIEN LE SLUT-SHAMING. (…)
Il y A une raison pour que de très jeunes filles adoptent ce genre de comportements, et à l'âge tendre de 13 ans, ce n'est pas parce qu'elles assument consciemment leur corps et leur sexualité. C'est parce qu'on leur a déjà pris leur pouvoir sexuel. A 13 ans, elles ont déjà appris que la seule chose considérée comme valable chez les jeunes femmes, c'est leur capacité à être considérées comme sexuellement attirantes pour les hommes. C'est une forme d'auto-chosification qui est causée par le sexisme et qui ne le justifie en rien.
Nous vivons dans une culture dysfonctionnelle dès qu'il s'agit du sexe. On laisse croire aux gens qu'ils ont le droit de penser que le slut-shaming, c'est 'la fote de cé cones ki s'habiyent come dé pute'. Il faut que les gens arrêtent de traiter à nouveau en victimes ces jeunes filles qui NE FONT QU'AGIR EN FONCTION DE CE QU'ELLES ONT APPRIS. Au lieu de les traiter de haut et de continuer ce cercle vicieux en leur disant qu'elles ne valent rien, il faut leur faire comprendre qu'elles sont IMPORTANTES. Pas uniquement parce qu'elles sont attirantes et désirables, mais parce qu'elles sont également fortes, intelligentes, drôles, intéressantes, gentilles, douées et n'importe quelles autres qualités qu'une personne qui apprend à se considérer comme un objet ne reconnaîtra peut-être pas tout de suite.
Merci, Laci. J’aimerais ajouter qu’en outre, il arrive souvent qu’un(e) enfant adopte un comportement hyper-sexualisé à cause d'un traumatisme, parce qu’il/elle a subi des abus sexuels ou incestuels. Rabaisser quelqu’un qui a déjà souffert, c’est stupide.
Ma religion m’interdit de faire ceci ou cela.
Si vous aimez votre religion, tant mieux pour vous. Si le fait de pratiquer votre religion vous rend heureux, continuez ! En revanche, si vous voulez imposer votre religion à votre voisin, il y a un problème. Chacun a foi en ce qu’il veut : j’ai déjà rencontré des gens formidables qui aiment leur religion, s’en portent très bien et ne pratiquent ni l’intégrisme, ni le slut-shaming.
On a tous fait du slut-shaming un jour.
Oui, on a tous fait ce genre de bêtises un jour. On est tous humains, on a tous ‘dérapé’ à un moment ou à un autre, ne serait-ce que par ignorance ou dans un moment d’égarement. Seulement, ce n’est pas parce qu’on a fait une grosse bêtise un jour qu’on doit continuer à faire des bêtises toute sa vie. C’est parce qu’on est humains qu’on doit apprendre à respecter les autres et à les traiter comme on aimerait soi-même être traités.