Tkt est un film de Solange Cicurel, sorti en 2023.
Emma, 16 ans, se réveille à l’hôpital et constate qu’elle est dans le coma et que son esprit a quitté son corps. Elle explore ce qui se passe autour d’elle et constate qu’elle a fait une tentative de suicide. Est-ce la faute de sa pote qui la rabaissait et faisait du gaslighting ? De son petit ami avec qui ce n’était plus parfait ? Ses parents s’inquiètent et elle doit comprendre ce qui se passe.
J’ai découvert ce film lors d’une séance inoubliable sur le thème du harcèlement scolaire. Il sert d’ailleurs d’outils dans les écoles en Belgique : on le diffuse aux enfants à partir de 12 ans, suivi d’une capsule faite spécialement. J’aimerais bien qu’on en fasse autant en France, avec un suivi psychologique adapté parce qu’il y a des passages qui sont assez intenses.
Il y a un truc qui me revient en mémoire à propos de mon harcèlement.
Au collège, j’avais une amie super toxique et je ne me suis rendue compte que des années plus tard qu’elle était toxique. Entre autres, elle m’a reproché à plusieurs reprises d’être « trop fusionnelle avec ma mère ». D’accord, elle n’a pas utilisé ces termes mais je l’ai entendue dire à une de ses copines, assez fort pour que j’entende : « elle a vraiment un problème, elle raconte tout à sa mère ! C’est un bébé ! »
Le problème ? j’étais super introvertie et je ne racontais rien à mes parents pour ne pas les inquiéter. Avec le recul, je me dis que cette fille (que j’évoque dans mon livre, ‘guérir du collège’) avait peur que je la dénonce, qu’elle voulait simplement continuer à se montrer mesquine en toute impunité.
Tout ça pour conseiller aux enfants et aux ados qui lisent cette page de se méfier. Si un.e pote vous reproche de confier vos problèmes à un.e adulte de confiance, alors ce n’est peut-être pas un.e pote. Essayez de prendre du recul avec cette personne et demandez-vous pourquoi elle vous juge.
Nous nous sommes retrouvées à 13h30 place Denfert-Rochereau, une quinzaine de personnes, dont plusieurs enfants. On a présenté nos associations respectives et on s’est mises en route. En chemin, j’ai bavardé avec une militante fort sympathique de l’association AMS’O, basée à Orly. Parler de nos associations tout en criant des slogans, c’est pas facile mais ce fut aussi super intéressant !
On a défilé sous le regard des passant.es, heureusement nombreux.ses car c’était un jour férié. Une fois a destination, on a encore parlé un peu, échangé des politesses et on est rentrées. Je ne regrette pas d’avoir passé ce moment avec ces personnes formidables.
Si vous avez le temps, allez consulter les pages de leurs associations. Elles sont super !
Le mot “glurge” a été inventé par le site Snopes dans les années 1990. Il désigne une histoire qui est censée être inspirante mais dont les faits ont été détournés ou ignorés à tel point qu’elle crée un sentiment de malaise. On les trouve généralement dans les chaînes de lettres et sur les réseaux sociaux, parfois même dans d’autres médias comme la publicité.
Les glurges comprennent souvent les éléments suivants :
- La mention « ceci est une histoire vraie » (mais aucune date ou lien vers un site sérieux permettant de le confirmer).
- La petite phrase : « recopie ça sur ton profil/partage/transmets ce message à un contact sinon le malheur s’abattra sur toi » (soyez tranquilles, ça n’arrive que dans les films)
- Des messages moralisateurs à deux balles.
- Des absurdités totalement inexplicables.
- Des implications gênantes et culpabilisantes (par exemple de la grossophobie sous des prétextes faussement bienveillants).
Voici un exemple de glurge inventé par moi (j’ai volontairement forcé le trait pour que personne n’y croie) :
Marie-Elizabeth était une enfant malheureuse. Elle travaillait à la mine 25 heures par jour et pleurait toutes les nuits en s’endormant dans la cheminée parce qu’elle n’avait même pas de lit. Mais un jour, un ornithorynque magique apparut à la fenêtre et lui cria de reprendre courage. Et elle reprit courage ! Elle partit à pieds jusqu’à la grande ville, étudia et devint présidente de la République ! Si tu crois en toi, tu peux faire tout ce que tu veux. Toi aussi, partage cette histoire vraie si elle te touche.
Vous êtes bien mort.e.s de rire ? Maintenant, voyons tout ce qui ne va pas dans cette histoire (en plus de l’ornithorynque magique) :
- On nous parle d’une histoire vraie mais il n’y a aucune date, aucun lieu et rien permettant de confirmer.
- Il est impossible de travailler 25 heures par jour, à moins de changer de planète.
- Les enfants qui travaillent au lieu d’aller à l’école existent, c’est grave, et cette histoire ne les aide absolument pas. Il existe des associations qui aident les enfants à avoir accès à l’éducation. Si vous voulez les aider, faire un don à une de ces associations, encourager les gens à faire des dons et/ou devenir bénévole sera bien plus efficace que diffuser un texte bidon.
- A première vue, le message est positif (il faut croire en soi). Seulement, la probabilité d’occuper un haut poste est nettement plus faible quand on n’a pas de ressources et qu’on n’a pas étudié que quand on est une personne privilégiée. Mine de rien, ce glurge est terriblement culpabilisant pour toutes les personnes sans ressources qui essaient de monter dans l’échelle sociale car il sous-entend que si elles n’y arrivent pas, c’est de leur faute, car elles ne croiraient pas assez en elles.
Il est vrai que beaucoup de gens créent et/ou transmettent des glurges avec de bonnes intentions, parce qu’elles veulent sensibiliser à une cause, par exemple. Seulement, cela peut très bien avoir des effets pervers et vous faire perdre toute crédibilité. Si vous voulez raconter une histoire vraie, racontez une histoire dont vous êtes certain.e qu’elle est vraie. Cela aura beaucoup plus d’impact qu’une histoire gonflée.
Dans le doute, si vous tombez sur une histoire dont vous doutez de la véracité, faites des recherches. Il existe des sites qui recensent les glurges et les hoax. Ne tombez pas dans le panneau.
J’ai remarqué (et je ne suis pas la seule) que quand on parle de harcèlement à l’école, certaines personnes emploient des mots totalement inadaptés. Cela part peut-être d’une bonne intention mais cela peut faire très mal car cela minimise l’impact et les conséquences du harcèlement. Voici quelques termes que je trouve particulièrement problématiques :
Chamailleries
Une chamaillerie se produit quand deux potes se disputent, boudent et se réconcilient. Cela arrive dans toutes les cours d’école et cela n’a pas de conséquences sur le long terme. Quand il y a harcèlement, on a affaire à des agressions répétées sur le long terme et à une relation déséquilibrée. Cela n’a rien à voir. Voir aussi la page sur le harcèlement par intermittences.
utilisez plutôt les mots 'harcèlement', 'brimades' ou 'agressions'.
Histoire d’amour
On entend ça parfois. Untel sortait avec Unetelle mais quand elle l’a largué, il a partagé les photos coquines qu’elle lui avait envoyées, triste histoire d’amour… Non. Quand on aime sincèrement quelqu’un, on ne partage pas ses photos intimes, même quand on a le cœur brisé. Quand on aime et respecte quelqu’un, et même quand on n’est pas amoureux.se mais qu’on est une personne décente, on ne pratique aucune forme de harcèlement sexuel. Le harcèlement, ce n’est pas de l’amour.
Utilisez plutôt les mots 'harcèlement sexuel' ou 'revenge porn'.
Il/Elle s'est fait harceler
cette tournure laisse entendre qu'on a provoqué le harcèlement, de la même façon qu'on dirait, par exemple: 'Il s'est fait couper les cheveux'. Or, aucun.e enfant n'est jamais responsable du harcèlement qu'iel subit.
Dites plutôt: Il/elle est harcelé.e à l'école.
Fléau
Certaines personnes utilisent ce mot poétique avec les meilleures intentions du monde. Le harcèlement scolaire est un fléau. Or, un fléau, c’est quelque chose qui tombe du ciel et contre lequel on ne peut rien. Un fléau, c’est entre autres les sept plaies d’Egypte. Le harcèlement scolaire est un phénomène sociétal qui a des causes : le manque d’empathie chez les élèves, l’absence de formations adaptées pour les enseignant.e.s… On ne peut pas lutter contre un fléau mais on peut lutter contre le harcèlement scolaire.
Utilisez les mots 'problème sociétal grave' ou (si vous voulez vraiment une expression poétique), 'plaie'.
Bonjour! Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de deux personnes formidables.
Bronia et Maria Sklodowska naissent en Pologne, à la fin du 19ème siècle. Elles sont toutes deux bonnes élèves et aimeraient fréquenter l'université. Malheureusement, il est alors interdit aux Polonaises d'étudier.
Les deux soeurs vont alors un pacte. En 1885, Bronia, âgée de 20 ans, part à Paris et étudie la médecine à la Sorbonne. Maria, qui a 17 ans, se met à travailler comme gouvernante et envoie la moitié de son salaire à Bronia pour ses études. Les années passent et un jour, Bronia écrit à Maria pour lui annoncer qu'elle est diplômée et qu'elle va pouvoir lui payer des études.
A sa grande surprise, Maria, qui traverse une période de déprime, refuse. Bronia prend alors le train pour parler directement à sa petite soeur et la convaincre de la suivre. Maria finit par obtempérer et va s'inscrire en sciences. Elle se montre très brillante.
Les deux soeurs resteront proches toute leur vie. Gynécologue, Bronia fondera entre autres un hôpital militaire, quant à Maria, elle obtiendra non pas un, mais deux prix Nobel. Elle est plus connue sous son nom d'épouse, Marie Curie.
Croyez en vous et soyez solidaires avec les personnes qui vous entourent.
Opinion impopulaire : je crois que l’éducation sexuelle peut aider à lutter contre certaines formes de harcèlement scolaire.
Au collège, j’ai été harcelée sexuellement. Je ne suis pas la seule. Je pense que si les cours d’éducation sexuelle insistaient bien sur le consentement et le respect du corps d’autrui, ce serait déjà un pas en avant.
Il y a des tas d’élèves LGBT qui sont harcelé.e.s. Quand j’étais ado, l’éducation sexuelle se focalisait uniquement sur la reproduction hétérosexuelle. Je ne peux pas m’empêcher de penser que si on disait bien aux élèves qu’il n’y a pas qu’une seule orientation sexuelle/identité de genre valable, ça pourrait ouvrir un dialogue et aider à avancer.
Cet article va sûrement être un peu décousu. Je m’excuse d’avance. Je repense à ce qui m’est arrivé au collège et au lycée et ça prend un jour nouveau.
A l’époque, je me posais des questions sur mon orientation sexuelle. Les gens s’imaginaient que j’étais hétéro et que j’étais simplement trop timide pour sortir avec un garçon. Personnellement, je préférais attendre avant d’essayer quelque chose. Lesbienne ? Bi ? On ne parlait pas encore de l’asexualité et j’avais l’impression de ne pas rentrer dans le moule.
Mon établissement était catholique. A l’aumônerie, on nous disait que la religion catholique était basée sur l’amour du prochain, la tolérance, la compassion, tout ça. Je trouve TRES BIEN de parler aux enfants de tolérance et de compassion. Le problème, c’était qu’il y avait aussi beaucoup de harcèlement dans ce collège et ce lycée. Parmi mes harceleurs, il y en avait au moins un qui allait à l’église et qui a fait sa confirmation. Les religions, quelles qu’elles soient, n’immunisent pas contre le harcèlement.
Je me souviens qu’un jour, on a reçu la visite d’une troupe de théâtre. Trois acteurs nous ont présenté une pièce de théâtre catholique. Je me souviens pas de tout, j’ai trouvé ça rigolo mais il y a un passage qui m’a fait comme un coup de poignard : un des acteurs a dit (je cite de mémoire) : « Et l’important, c’est d’aimer son prochain et d’aimer la personne avec qui on est mariée ! Je ne vous parle pas d’homosexualité parce que pour moi, il n’y a pas plus merveilleux qu’une femme ! Toi, quand tu seras grand, tu connaitras le bonheur parfait avec la femme de ta vie ! »
J’avais peut-être treize ou quatorze ans. Et je me suis pris ces propos dans la tronche alors que tous les jours, j’entendais des insultes homophobes dans la cour de récré.
Voilà ce que j’aurais aimé lui dire :
- La plupart des gays ne sont pas misogynes. Souvent, ils ont des amies femmes et s’entendent très bien avec elles. Le fait qu’ils n’aient pas envie de faire des trucs romantiques et/ou sexuels avec elles ne les rend pas mauvais.
- Les garçons qui me harcèlent et me font subir des attouchements dans la cour de récré sont complètement hétéros. Qu’est-ce qui est pire : être gay ou être un agresseur sexuel ?
- Vous parlez comme si l’orientation sexuelle était un choix. Ce n’est absolument pas le cas : PERSONNE ne choisit d’être homo. Au passage, les thérapies de conversion font beaucoup de mal. C'est l’homophobie qui est un choix.
- Vous parlez comme si le mariage était la seule option. Vous savez qu’il y a des gens qui préfèrent le célibat et qui vont bien ? Pourquoi les culpabiliser ?
- Et les lesbiennes, vous savez qu’elles existent ?
Je n’ai rien dit de tout ça. A l’époque, les gens ne parlaient pas des LGBT et j’avais peur d’être encore plus harcelée. Aujourd’hui encore, je me sens toujours gênée par ces propos tranquillement homophobes dans un collège. D’après internet, cette troupe de théâtre existe encore. J’espère qu’elle a évolué positivement.
Je précise une chose : si vous êtes de religion catholique (ou de n’importe quelle religion), je n’ai rien contre vous en particulier. J’ai déjà rencontré des cathos qui prenaient parole contre l’homophobie et des athées qui étaient homophobes. Simplement, si vous utilisez votre religion comme un prétexte pour être homophobe, j’aimerais vous rappeler que le risque de faire une tentative de suicide est nettement plus élevé chez les ados LGBT à cause de l’homophobie et de la transphobie.
Vous avez le droit d’aimer votre religion et de la pratiquer si vous aimez ça. Mais par pitié, ne la prenez pas comme prétexte pour tenir des propos homophobes. L’homophobie tue.
J’ai appris hier le décès de Lucas, 13 ans, harcelé à l’école. Il s’est suicidé à cause de l’homophobie. En 2021, Dinah, 14 ans, a mis fin à ses jours pour les mêmes raisons. Je suis encore sous le choc et cet article sera probablement décousu, je m’excuse d’avance.
D’abord, j’aimerais présenter mes condoléances à la famille. Lucas était sûrement une personne formidable. C’est tellement triste que ce genre de chose se produise encore de nos jours.
Ensuite, malheureusement c’est pas nouveau. Il y a des enfants et des ados qui sont LGBT et qui n’osent pas en parler, de peur d’être rejetté.e.s. J’ai pas de solutions miracles pour ça, juste quelques petits conseils en tant que personne qui a été dans cette situation :
- Arrêtez de vouloir imposer l’hétérosexualité à tout le monde. Si votre meilleure amie vous dit qu’elle n’a pas envie de sortir avec un garçon, n’insistez pas. Peut-être qu’elle ne se sent pas prête pour une relation, peut-être qu’elle est aroace ou lesbienne. Dans tous les cas, ça la regarde. Il y a d’autres sujets de conversation plus intéressants.
- Par pitié, ne ramenez pas tout à la sexualité. J’ai remarqué que quand un petit garçon de six ans ou même un ado dit qu’il est amoureux de sa voisine, qu’il veut lui offrir des fleurs et se marier avec elle plus tard, les gens trouvent ça mignon mais que quand il veut faire ça avec un garçon de son âge, cet enfant passe pratiquement pour un pervers sexuel. C’est assez insultant.
- Si une personne vous dit qu’elle n’est pas prête à faire son coming-out, respectez-la. Elle le fera quand elle se sentira prête, point.
- Ne dites pas que « c’est juste une phase » Ce serait minimiser son ressenti. Et même si c’était juste une phase, qu’est-ce que ça peut vous faire ?
- Ne dites pas « tu es trop belle/beau, c’est du gâchis ». Le gâchis, c’est quand on ne finit pas son assiette et qu’on fout tout à la poubelle. On est des êtres humains avec des sentiments, pas de la bouffe.
- Si possible, quand un.e de vos potes tient des propos homophobes, intervenez. Dites-lui que ses propos sont déplacés. Ça peut faire une énorme différence.