Pour des raisons de sécurité j’ai modifié les nom de personnes et de lieux, car ici seules 2 personnes connaissent mon histoire ce sont celles qui ont tenté de me protéger de leur mieux et je les remercierais jamais assez pour ça sans elles je pense que je ne serais peut être pas là pour raconter mon histoire … D’avance merci à tous ceux qui prendront le temps de lire mon histoire en entier.
A l’école primaire tout était normal et calme, il n’y a rien à raconter avant mon entrée au collège de la ville de R.
Le cadre général
Je rentre au collège de R à 10 ans (j’ai sauté une classe du fait de mes facilités scolaires). Moi, J, 10 ans, 1m 45 pour 28 kg, blanche, blonde, les yeux bleus et surtout 135 de QI je rentre en septembre 1998 au collège ZEP de R petite ville de banlieue comme il existe tant, quartier défavorisé : misère sociale, culturelle et intellectuelle.
Mon année de 6e : année la « moins pire ».
J’entre donc en 6e dans une classe « normale ». Très vite, mes camarades remarquent mon niveau économique sensiblement supérieur au leur ( je viens de centre bourg et mes parents travaillent tout les 2 et possèdent 1 maison particulière) alors je deviens la cible de demandes incessantes et qui deviennent très vite journalières. Au début, ravie que mes camarades s’intéressent un minimum à moi et me parlent j’accède à leurs demandes sans me rendre compte que je mets le doigt dans un engrenage qui ne transforme vite en racket organisé par des 3e. Dès le 2e trimestre, je suis rackettée journalièrement par une dizaine de 3e. Je me tais car j’ai honte de ne pas de rebeller et puis je me dis l’an prochain ça sera fini ils partent au lycée. L’année se passe ainsi sans grande difficulté. Mes parents croient juste que je perds tout le temps mes affaires, les profs ne voient rien car je veux rien leur montrer et en plus ils s’en moquent.
La 5e : une année infernale qui me paraitra bien calme…
Pour info générale : En 5e j'ai commencé le latin puis j'ai servi de cobaye pour le grec ancien.
Comme dit dans l'intro, j'ai choisi de faire latin pour 2 raisons : 1ère : j'adoooooooore les langues anciennes / 2e je pensais naïvement me retrouver avec les autres latinistes dans la même classe (donc une classe d'intellos moins pénible...). J'aborde donc cette 5e sereinement pensant que les 3e de l'an dernier étaient au lycée et donc que tout redeviendrait normal… J'étais bien naïve… La rumeur de ma « gentillesse » s'est propagée à tout l'établissement si bien que dès les 1ers jours je suis assaillie de « demandes » à réaliser sous peine de passage à tabac... De plus malgré mes espérances les 10 latinistes que nous sommes, sommes éparpillés dans toutes les classes pour « tirer les autres vers le haut » sans voir que c'est eux qui vont nous tirer vers le bas. Le 1er trimestre passe entre racket et peur et je m'attache inconsciemment à ce prof de latin si gentil, si calme... il deviendra l'un de mes plus fervents défenseurs avec sa femme que je ne connais pas encore... Donc je passe de plus en plus de temps avec ce professeur qui ne me traite pas comme une moins que rien. Il me propose de faire une expérience avec le grec ancien dont il est prof également et qu'il souhaiterait enseigner via une section. J'accepte avec enthousiaste. Je l'ai déjà dit mais j'aime les langues anciennes et en plus ça se passe en plus des cours donc moins de temps à passer dehors avec « les autres ». Sans le savoir je viens de donner corps à une nouvelle torture de la part de mes « camarades ».
Maintenant en plus de devoir faire face au racket, je dois faire face aux rumeurs (je suis une trainée, je sors avec le prof et j'en passe et des meilleures). En fin de 2e trimestre je décide de me rebeller suite à une sortie au parc Astérix (eh oui) qui s'était très bien passée (nous étions 5 élèves triés sur le volet).
C'est là que va débuter mon véritable enfer car tout ceci n'était rien à côté de ce qui m'attend. Au retour des vacances de Pâques, je refuse toute « demande » et donne l'alerte auprès de mes parents. Mes parents réagissent en prenant rendez-vous avec le principal qui ne fait STRICTEMENT RIEN a part dire il faut qu'elle se défende ou c'est des gamineries. Je n'en parle pas à mon prof car je n'ose pas (j'apprendrai plus tard qu'il se doutait de quelque chose).
Maintenant je me renferme dans mon silence et ne parlerai de cette histoire qu'à une seule personne bien plus tard. Cependant, mes refus et ma dénonciation entraînent des conséquences : passage régulier à tabac (je suis devenue experte pour cacher les bleus), intensification des rumeurs, vol d'affaires, surnom débile et autres « gamineries ». L'année se termine ainsi et je pars en séjour linguistique loin de la France pour 2 mois. Je ne rentre qu'en Septembre pour l'année de 4e.
Mon année de 4e : pas grand chose à signaler sinon que ca va de mal en pis.
J'entre en 4e en sachant ce qui m'attend. Je ne suis pas déçue on me remet la même classe avec des profs différents. Heureusement je conserve Mr F. le prof de latin / grec. Les 2 nouveautés sont : 1ère la puberté est passée par là et j'ai maintenant un corps de femme (ça va pas arranger mes affaires) et je commence l'espagnol. Cette 2e chose va me permettre de rencontrer Mme F. la femme de M. F. cette femme va me « redonner la vie » aussi fort que ca puisse paraître si je suis en vie aujourd'hui je lui dois... Mes nouvelles formes de femme vont ajouter la dimension de harcèlement sexuel à mon calvaire... donc ma situation empire... et ça sera comme ca jusqu’à la fin de l'année... Je rentre pas les détails vous les aurez en 3e
La 3e : l'enfer tout simplement
Je rentre en 3e en sachant que ça va recommencer mais c'est ma dernière année. Je m'accroche mes notes restent à 18. J'espère avoir Mme ou M. F dans plusieurs matières... Je suis exaucée j'ai M. F en français/ latin / grec/ histoire / geo / et prof principal et Mme F en espagnol et anglais. Donc je passe le plus clair de mon temps avec eux... Dès le début de l'année, mes « camarades » démarrent fort. Dans les 15 1ers jours j'ai une fracture de la cheville « pas faite exprès » en sport. 1 mois plus tard c'est au tour de ma clavicule d'avoir un « accident » … Mme F et M. F se doutent de quelque chose, mes parents ne voient rien car je suis douée pour cacher les marques et inventer des histoires. Mme F tente une approche, elle est comme moi (une ancienne harcelée, ancienne danseuse) d'une gentillesse folle, j'ai de bonnes relations avec elle mais ce jour là je lui dirai rien car j'ai honte... 2 mois plus tard, le 18 janvier, je me souviendrai toute ma vie de ce jour là, le pire jour de ma vie... je vais en sport, une fois n'est pas coutume, je suis pas la 1ère partie … je vais vous raconter le pire épisode de ma vie, j'aurais voulu mourir, je pleure en décrivant cette journée maudite...
Mes « camarades » m'attrapent et veulent me doucher « pour me laver », ils me déshabillent violemment, je suis nue dans la douche sous le rire et les moqueries de mes tortionnaires. Je vous passe les détails (je suis incapable de les écrire). Après ce calvaire , je suis rouée de coups, puis ils me laissent là. Je me rhabille et file en cours d'espagnol. La prof remarque de suite que quelque chose n'est pas normal. Elle renvoie les élèves, me dit de rester et lui raconter ce qu'il se passe. Elle s'assoit à coté de moi, me passe une couverture autour des épaules, verrouille les portes et éteint la lumière (je saurais plus tard qu'ayant connu le harcèlement scolaire elle a gardé ses réflexes au cas où…) je suis le cas où … Là dans le noir total, je déballe tout : le racket, les coups, les rumeurs et l'épisode précédent.
J'ai beaucoup pleuré ce jour-là ce qui ne m'était jamais arrivé devant quelqu'un en dehors de ma famille... j'ai tellement pleuré que je ne pouvais plus m’arrêter. Soudainement elle me prend dans ses bras et me serre en me disant qu'elle est là et je pleure de plus belle. J'ignore combien de temps cela a duré mais elle est restée avec moi jusqu'à ce que je me calme. Entre temps elle avait rallumé la lumière. En reprenant mes esprits je me suis aperçue que je n'étais pas la seule à pleurer... Elle me raccompagne chez moi, veut que j'aille porter plainte, que j'en parle à mes parents : je refuse. Elle garde le secret et invente une histoire pour justifier mon état et mon retour prématuré de l'école accompagnée par une prof. Le lendemain je retourne à l'école et je commence par espagnol. Je sais pas trop comment me comporter au vu de la veille. Le cours se passe sans accroches et Mme F demande à me parler. La elle m'explique 3 choses : elle me raconte son histoire (guère mieux que la mienne) / me dit qu'elle sera toujours là et qu'elle me protégera / me demande de revenir la voir à midi. La matinée se passe. A midi, j'ai un plan d'actions, Mme F va être ma tutrice (dans mon collège il y avait ce système pour les élèves qui le souhaitaient) et à ce titre me garder pendant les récrés et pauses (gros soulagement), je suis désormais dispensée de sport, de musique et de dessin (elle a pris ça sous sa responsabilité) pour « cause de cours de rattrapages » (pour une élève ayant 18 ^^) . 3 semaines plus tard on part en voyage scolaire en Espagne, à la base celui-ci était prévu en hôtel mais finalement j'irai en famille d'accueil (elle et son mari ont une maison en banlieue de S..) ça m'évite de voir mes camarades. Elle m'a protégée au péril de sa carrière durant toute cette année. Elle même a été agressée pour ça mais jamais elle n'a renoncé. Je lui dirais jamais assez MERCI POUR TOUT …
Aujourd’hui
Aujourd'hui je suis juriste spécialiste en droit pénal en double cursus franco espagnol. Mes cicatrices sont toujours visibles et mes blessures mentales ne se refermeront sans doute jamais. J'ai fait 2 tentatives de suicide ratées de peu grâce à la vigilance de Mme et M. F. Mme F enseigne toujours à R. et continue de me protéger de loin et tient sa promesse d’être toujours là. Je suis la marraine de son fils et je tente de me reconstruire avec son aide, je la protège aussi à ma façon même si elle aime pas ça… Elle est ma meilleure amie, celle qui connaît tout de moi... Aujourd'hui je leur dit MERCI, merci d’être toujours là, merci d'avoir cru en moi, merci d'avoir protégé ma fin d'adolescence et le peu d’innocence qu'il me reste, merci de m'avoir sauvé la vie tout simplement.