Je suis tombée hier sur un très beau texte, très vrai. En voici la traduction:
La plupart d'entre nous avons été des cibles de brimades et de harcèlement mais cela ne veut pas dire que nous devons être des victimes. En fait, quand nous ne sommes pas des victimes, nous pouvons stopper plus efficacement les abus et le harcèlement.
Par exemple, imaginons un enfant qui doit subir des moqueries, des brimades et du harcèlement à l'école.
Il peut s'agir d'un garçon visé par une brute, un groupe ou un gang. Le harcèlement peut s'avérer physique ou verbal - surnom, moqueries ou dévalorisation.
Ou pensons à une fille qui est visée par les pestes de l'école. Elle est maltraitée, harcelée ou mise à l'écart parce qu'elle est moins jolie ou moins riche, n'a pas les derniers vêtements à la mode ou est copine avec le garçon qui fait chavirer toutes les pestes. Toutes les filles s'y mettent pour l'attaquer verbalement, physiquement ou via internet.
Pire encore, les enseignants et les directeurs ne font souvent rien pour protéger les cibles. Parfois, ils ne savent pas quoi faire ou ils ont peur d'affronter les petites brutes et leurs parents tout aussi déséquilibrés, ou ils blâment la cible. Parfois, ils vont même jusqu'à cautionner ou encourager les actes de harcèlement. Il peut même arriver que les pestes soient encouragées par leurs parents, qui préfèrent que leurs filles fassent partie des "gens cools" et n'ont cure de la cible.
Souvent, les directeurs et les professeurs essaient simplement de changer la cible. Ces personnes irresponsables semblent penser que si seulement les cibles pouvaient changer et contenter leurs agresseurs, ces vilains cesseraient de les agresser. Ou ils pensent que le harcèlement est une forme de sélection naturelle, la survie des meilleurs, et que quiconque ne se fond pas dans la foule devrait subir les conséquences du "crime" qu'est la différence. Ou ils croient que c'est juste un comportement de gamin normal et que ça passera tout seul quand les persécuteurs grandiront.
J'espère que je vous ai rendus dingues avec l'injustice de ces situations. Elles n'ont absolument rien d'exagéré. En tant que coach, je reçois souvent des appels de la part de parents frustrés qui ont essayé sans succès depuis plus de six mois d'arrêter les agressions et d'amener les professeurs, directeurs et responsables à protéger leurs enfants.
Les victimes pensent que ce sont elles qu'ils faut blâmer. Les victimes minimisent, ignorent, pardonnent, appaisent, suplient, donnent en espérant être épargnés, sont gentils, acceptent les excuses et les justifications, sympathisent avec les harceleurs sans pitié du monde réel, essaient de les comprendre et d'utiliser la raison. Les victimes répondent à l'agressivité par la gentillesse pour stopper ces prédateurs ignorants et insensibles. Les victimes souffrent en silence. Pour finir, les victimes acceptent la maltraitance et le harcèlement. Les victimes se laissent aller à la peur, au désespoir et à la défaite ; ils abandonnent ; ils se sentent désemparés et désespérés. Ils sont envahis par l'anxiété, le stress, les pensées négatives et le doute. Ils perdent en confiance en eux et en estime de soi. Ils souffrent souvent de dépression et risquent davantage de faire une tentative de suicide. Les directeurs d'école passifs sont toujours impliqués dans les cas de suicides de victimes de harcèlement.
Les cibles gardent un feu qui brûle en eux. Ils ne le prennent pas personnellement ; ils savent qu'ils sont de bonnes personnes et que la faute incombe aux harceleurs, à leurs parents narcissiques et aux ratés qui gèrent l'école. Ils combattent et apprennent à mieux combattre. Ils maintiennent leur courage, force, détermination, endurance, persévérance et résistance ; ils ne se laissent pas abattre par la défaite. Les cibles recherchent des alliés qui veulent agir ensemble et pas se contenter de geindre, se plaindre et s'apitoyer ensemble.
Les cibles peuvent se sentir en colère à cause de l'injustice mais ils ne sont pas anéantis par leur propre sentiment de colère. Comme on ne peut pas gagner chaque bataille, même si la justice est de notre côté, les cibles peuvent simplement passer à autre chose et se créer une vie merveilleuse ailleurs. Et espérer qu'un jour, ils retrouveront leurs oppresseurs.
On peut voir la même différence entre cibles et victimes chez les conjoint(e)s qui sont critiqué(e)s, corrigé(e)s, sermonnés, réprimandés, contrôlés, isolés, soumis à l'hostilité, la jalousie ou à une attitude négative, manipulés et blâmés, à qui on impose de la honte et de la culpabilité, et qui sont battus par leur conjoints abusifs. La tâche de ces cibles adultes est la même que celle des enfants. Ne soyez pas une victime. Ne le prenez pas personnellement ; apprenez à résister, dites "ça suffit" et "Non". Demandez de l'aide, prenez les choses en main, répondez à l'attaque par l'attaque, partez, repartez de zéro s'il le faut mais repartez quand même.
La même distinction s'applique au harcèlement, à l'hostilité, à l'intimidation, à la manipulation, aux collègues toxiques, à la maltraitance et même à la violence au travail.
Vous pouvez être une cible mais ne soyez pas une victime. Apprenez les meilleures méthodes pour les combattre. Et combattez pour gagner. c'est notre meilleure chance de mettre fin au harcèlement.