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24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 10:12


 

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un type de harcèlement en particulier. Les quelques témoignages que j’ai recueillis concernaient uniquement des filles. Il est possible que des garçons soient aussi concernés par ce type de situation mais il est également possible que les garçons étant davantage socialisés pour se servir de leurs poings et les filles, de leurs émotions (ou de celles des autres), ce soit surtout un problème féminin. Les témoignages éventuels sont les bienvenus.

Dans cette situation, il y a généralement une harceleuse et une harcelée qui commencent par être amies. Cependant, la harceleuse a tendance à manquer de confiance en elle et/ou à voir la harcelée comme une menace. Sous un prétexte quelconque, la harceleuse décide que l’amitié a pris fin et se met à agresser et à rabaisser la harcelée, montant souvent d’autres personnes contre elles et ne lui laissant aucun répit.

Ça, c’est la phase d’agression, qui est suivie tôt ou tard par une phase de pseudo-réconciliation. La harceleuse propose alors une réconciliation, souvent en feignant une extrême gentillesse. Elle peut très bien pratiquer un gaslighting sur la harcelée, par exemple en lui reprochant d’être immature quand elle refuse la réconciliation ou en lui faisant croire que les torts sont partagés. Elle manipule les adultes et/ou les autres enfants en se faisant passer pour une amie loyale et sincère. Ensuite, elle repasse en phase d’agression. Et ainsi de suite. Le même schéma peut se reproduire toutes les semaines.

Il ne faut pas confondre le harcèlement par intermittences avec une simple amitié. Il est vrai que toutes les amitiés connaissent des disputes de temps en temps. Cependant, lors d’un harcèlement, il y a à la fois une relation déséquilibrée et un manque d’empathie de la part d’une des personnes. Par exemple, si A donne un surnom blessant et humiliant à B sous prétexte que « c’est de l’humour » mais pique une crise de colère quand B lui donne un surnom, c’est du harcèlement. Si B insiste pour que chacune parte de son côté et laisse l’autre tranquille lors d’une dispute tandis que A refuse d’envisager cette éventualité et agresse B, c’est du harcèlement mal déguisé en amitié.

Ce type de harcèlement peut faire beaucoup de mal, d’une part parce que les personnes concernées ne se rendent pas forcément compte que c’est du harcèlement, d’autre part parce que les adultes peuvent très bien le confondre avec des chamailleries et même pousser la harcelée à se montrer patiente envers la harceleuse et à toujours lui pardonner. En outre, la harceleuse est davantage armée pour blesser la harcelée car pendant les phases de pseudo-réconciliation, elle a accès à ses secrets et à ses fragilités. Que faire ?

 

- Si vous soupçonnez votre enfant de pratiquer ce type de harcèlement, essayez de comprendre pourquoi elle agit comme ça. Peut-être qu’elle manque de confiance en elle, peut-être qu’il y a un problème dans sa vie privée. Emmenez la consulter un psychologue et si besoin est, interdisez-lui de fréquenter l’autre personne.

- Si vous soupçonnez votre enfant d’être la cible de ce type de harcèlement, dites-lui bien que ce n’est pas de sa faute. Aidez-la à se faire de nouveaux.lles potes, par exemple en lui suggérant une nouvelle activité. Dites-lui qu’une ancienne amitié doit prendre fin si elle fait vraiment trop mal.

- Si vous avez le même âge que la personne harcelée et que vous assistez à ce type de harcèlement, ne riez pas. Dites à la harceleuse qu’elle abuse et qu’elle va trop loin. Si vous êtes potes avec elle, demandez-lui pourquoi elle fait ça et essayez de la raisonner. Et si vous avez des affinités avec la harcelée, devenez potes avec elle. Ce serait vraiment formidable.

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 11:38

Ceci est une demande d'aide. Comme la transphobie fait des ravages, j'aimerais écrire un article sur le harcèlement scolaire des ados en questionnement sur leur genre. J'aimerais savoir si certaines personnes parmi vous seraient prêtes à témoigner (anonymement ou non). J'aimerais aussi savoir si vous avez des associations ou des liens à recommander, ou s'il y a des points qu'il faut absolument aborder.

Merci d'avance. Très bonne journée.

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9 mars 2022 3 09 /03 /mars /2022 11:02

 

L'amitié est quelque chose de précieux. Une amitié qui dure, c'est très beau, les enfants entendent ça dès le plus jeune âge. Seulement, il y a quelque chose que même les enfants devraient savoir: quand une amitié ne marche plus, il vaut mieux y mettre fin.

Pourquoi? Parce que les gens évoluent. Une personne compatible avec vous sur le plan amical quand vous êtes enfant ne le sera peut-être plus à l'âge adulte. Les fictions présentent souvent des amitiés totalement idéalisées, qui durent éternellement, mais dans le monde réel ça ne marche pas comme ça.

 

Il y a des situations dans lesquelles il vaut mieux que ça s’arrête. Par exemple :

- Interagir avec cette personne vous stresse et vous épuise. C’est le signal numéro un. Si vous sentez que ça ne marche plus, écoutez votre intuition et arrêtez tout de suite.

- Vous avez l’impression de beaucoup donner et de recevoir beaucoup moins.

- Cette personne ne respecte pas vos limites (par exemple, elle entre dans votre chambre et se sert dans votre placard alors que vous lui avez clairement dit que vous détestez ça).

- Quand vous lui dites qu’iel abuse, iel minimise votre ressenti et vous dit que vous faites beaucoup d’histoires pour pas grand-chose.

- Cette personne vous dit qu’iel vous aime très fort et/ou qu’iel fait tout pour faire marcher votre amitié mais les actes ne suivent pas.

- Iel minimise ce qui est moralement très important pour vous (par exemple en insistant lourdement pour que vous l’accompagniez dans un restaurant où on ne sert que de la viande alors que vous êtes végane).

- Iel vous critique et/ou vous culpabilise.

- Quand ça ne va pas, iel manipule d’autres personnes pour les monter contre vous.

- Après chaque dispute, iel vous dit qu’il n’y aura plus jamais de dispute, que vous êtes un.e pote super et que votre amitié sera éternelle. Et trois jours plus tard, iel amorce une autre dispute.

- Iel manipule vos émotions pour vous culpabiliser et/ou vous faire douter de vous.

- Quand iel vient jouer chez vous, iel joue au « petit ange » pour que vos parents ne se doutent de rien.

- Iel trouve normal de vous dire des choses blessantes ou déplacées et hurle au scandale mondial quand vous en faites autant.

- Toutes les discussions doivent tourner autour de cette personne et ce qui est important pour vous passe au second plan.

 

Quand ça ne va vraiment pas, il vaut mieux arrêter, ne plus se voir, changer de numéro… Évidemment, cette personne ne va pas apprécier d’être mise sur la touche et va probablement essayer de vous culpabiliser ou de vous harceler. Ne cédez surtout pas. Vous pouvez trouver un.e ami.e bien meilleur et de toute façon, il vaut mieux être seul.e que mal accompagné.e.
 

Bon courage.

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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 12:56

 

il y a une phrase que les petites filles et les adolescentes harcelées entendent parfois : « s’il t’embête, c’est parce qu’il est amoureux de toi. »

 

Cette phrase, vous devez la bannir de votre vocabulaire. Ne dites JAMAIS à une fille qu’un garçon la harcèle parce qu’il est amoureux. En fait, ne le dites à personne, ça vaudra mieux. Cette petite phrase peut avoir des conséquences désastreuses :

 

- Elle banalise l’impact des brimades,

- Elle laisse entendre qu’il est flatteur d’être harcelée,

- Elle entretien l’idée reçue selon laquelle les garçons seraient incapables de gérer leurs émotions autrement qu’en agressant,

- Elle présente comme normales les violences dans les couples,

- Elle ne propose aucune solution pour mettre fin au harcèlement.

 

Quel que soit le genre de vos enfants, expliquez-leur bien que quand on est amoureux de quelqu’un, on n’a tout simplement pas envie de brimer cette personne parce qu’on veut son bonheur avant tout. Le harcèlement, quel qu’il soit, ce n’est jamais de l’amour.

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3 mars 2022 4 03 /03 /mars /2022 18:21

 

Ce livre de Max Tchung Ming et Eric Verdier recense des dizaines de témoignages de personnes concernées (élèves, parents, enseignants…), en particulier des personnes ayant expérimenté le dispositif Sentinelles et Référents. Je le recommande surtout aux enseignant.e.s et aux CPE.

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25 février 2022 5 25 /02 /février /2022 08:10

ça y est! Hier, le 24 février 2022, le Parlement a enfin voté la création d'un délit de harcèlement scolaire.

Il pourra atteindre 10 ans de prison et 150000 euros d'amende en cas de suicide ou de tentative de suicide.

Un grand bravo à toutes les personnes qui ont œuvré dans ce sens.

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 09:36

Pour lutter au mieux contre le harcèlement scolaire, l'Association Hugo prépare une tribune qui sera prochainement envoyée au Sénat.

Si vous voulez la lire, c'est ici.

Si vous voulez apporter votre contribution en co-signant cette tribune, c'est ici.

Courage. Ensemble, on vaincra le harcèlement!

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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 15:36

L’un des conseils quand on est confronté.e au harcèlement scolaire consiste à aller voir un psychologue, psychothérapeute ou psychanalyste. Ce simple conseil engendre parfois un refus total. Selon certaines personnes, faire une thérapie serait quelque chose d’inutile ou même un aveu de faiblesse.

Que peut-on répondre à quelqu’un qui vous dit que les psychothérapies ne servent à rien ? Voici quelques pistes :

 

-          Les psys, c’est pour les gens qui sont dangereux et/ou profondément malades.

Non, ça c’est un cliché d’Hollywood. Dans le monde réel, n’importe qui peut profiter d’une thérapie à un moment de sa vie. Et tant que j’y suis, j’aimerais casser un autre cliché d’Hollywood : la plupart des personnes qui ont des maladies mentales ne font de mal à personne et risquent même davantage d’être agressées au cours de leur vie que de mettre autrui en danger.

 

-          J’ai déjà vu un psy et iel a eu des propos déplacés/ je me suis senti.e très mal à l’aise.

C’est vrai que ça peut arriver et dans ce cas, il vaut mieux ne pas y retourner. Vous pouvez très bien aller voir quelqu’un d’autre, un.e spécialiste avec qui vous vous entendriez mieux.

 

-          Je suis LGBT et j’ai peur de tomber sur un psy LGBT-phobe, qui me dirait des trucs culpabilisants.

Oui, et ça se comprend. Pour éviter ce genre de situation, vous pouvez toujours tâter le terrain dès la première séance et ne plus revenir si le contact est mauvais, ou vous renseigner d’abord auprès d’associations LGBT pour obtenir des recommandations.

 

-          C’est la faute de l’autre enfant, je ne vois pas pourquoi ce serait le mien qui irait en thérapie.

Pour son bien-être, tout simplement. Si votre enfant est harcelé.e, iel se confiera peut-être plus facilement à une personne spécialisée. Si on vous a dit que votre enfant harcèle, c’est justement un bon moyen de savoir ce qu’il en est réellement et, s’il y a un problème, de l’aider.

 

-          S’allonger sur un divan, c’est trop chelou.

La plupart des thérapeutes d’aujourd’hui vous demandent de vous asseoir sur une chaise, pas sur un divan. En outre, les thérapeutes pour enfants utilisent des approches ludiques (jouets, dessin…), pas des méthodes intimidantes.

 

-          Je n’ai pas besoin de psychothérapie, j’ai déjà le sport/ la musique/ ma religion/ mon conjoint / mon chien.

L’un n’empêche pas l’autre. Vous pouvez à la fois trouver un exutoire en jouant d’un instrument (par exemple) et faire une thérapie. En outre, demander à votre conjoint.e de vous « guérir » de vos démons n’est pas vraiment une bonne idée : une relation romantique, ça peut être très bien mais ce n’est pas un moyen magique d’effacer un traumatisme.

 

-          Après avoir fait une séance, je ne me suis pas senti.e particulièrement mieux. Je ne vois pas l’intérêt de continuer.

Une thérapie peut prendre des mois, parfois des années. On ne se sent pas forcément mieux au bout d’une séance. À vous de savoir si vous avez envie d’aller mieux sur le long terme.

 

Les thérapies, ça coûte cher.

Certaines thérapies coûtent cher, c'est vrai, mais d'autres peuvent être remboursées par la sécurité sociale ou par une mutuelle.

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28 décembre 2021 2 28 /12 /décembre /2021 11:32

Adrien avait vingt ans, c’était une personne formidable, il était brillant et avait un grand cœur. Il est malheureusement décédé en 2015 à cause du harcèlement. Dans ce livre, sa maman Monik lui rend hommage.

Cet ouvrage est aujourd’hui disponible en précommande. Plus il y aura d’exemplaires achetés dans les prochains jours, plus ce livre sera diffusé largement. Vous pouvez faire un geste pour aider à transmettre l’histoire d’Adrien afin qu’un tel drame ne se reproduise plus jamais.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

EDIT: Le projet a abouti! Le livre va prochainement être distribué en librairie.

Pour Adrien, n'oublions jamais.

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14 décembre 2021 2 14 /12 /décembre /2021 11:16


De plus en plus, les écoles installent des « bancs de l’amitié ». Les élèves qui cherchent de nouveaux potes peuvent s’y assoir et faire de nouvelles rencontres.


Je trouve ça très bien. Pour moi, c’est une initiative super. Seulement, je me demande si c’est efficace pour tous les élèves. Je me souviens qu’ado, je n’avais pas « les codes » des ados classiques.


A l'époque, une même situation est revenue assez souvent : on m’a demandé quel genre de musique j’écoutais. Ce qui représentait une question anodine pour les autres devenait un véritable piège pour moi car je n’écoutais pas leur musique. Le rap était le genre à la mode et je ne connaissais aucun rappeur à part MC Solaar. Je n’écoutais pas les radios pour ados et je ne regardais pas les clips. C’était l’une des raisons pour lesquelles j’étais harcelée : pour être acceptée, il fallait connaître par cœur la liste des chanteuses et chanteurs à la mode.


Cette question était un piège à plusieurs niveaux. D’une part, dès que je l’entendais, je me méfiais. Je savais que je risquais d’être harcelée si je répondais sincèrement et ma méfiance se lisait sur mon visage. D’autre part, beaucoup d’ados réagissaient de façon disproportionnée quand j’expliquais que je n’aimais pas cette question. Je me souviens d’une fille qui m’a regardée comme si je l’avais baffée alors que je lui avais simplement dit que je n’avais pas envie de répondre. Inutile de vous dire qu’on n’a pas sympathisé.


Tout ça pour dire aux enfants et aux ados qui lisent cette page que vos codes ne sont pas universels. Inutile de demander en boucle à la petite nouvelle quel est « son type de mec ». Peut-être qu’elle n’a pas envie d’en parler, peut-être qu’elle n’est pas branchée mecs. Inutile de demander au garçon qui vient d’arriver quel est son jeu vidéo préféré. Peut-être qu’il n’a pas envie d’en parler, peut-être qu’il n’a pas les moyens de se payer une console. Personne n’est obligé.e de répondre à vos questions.


Voici des phrases qui peuvent vous aider si la situation devient gênante :


- De quoi aimerais-tu qu’on parle ?
- C’est pas grave, on n’a qu’à parler d’autre chose.
- J’ai l’impression que je te dérange. Tu préfères que j’arrête de parler ?


Enfin, si la personne regarde ailleurs quand vous lui parlez, lit ou a mis ses écouteurs, ça veut dire qu’elle n’a PAS ENVIE de parler avec vous. Pensez à respecter son intimité.



Pour en revenir aux bancs de l’amitié, je pense que ce serait sympa d’ajouter à ces bancs une liste de sujets de conversation possibles. Les enseignant.e.s pourraient proposer aux élèves de choisir les sujets. Il pourrait y avoir des idées très intéressantes.
Bonne journée !
 

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