Dans Harry Potter, Pétunia Dursley apparaît d’abord comme un personnage étroit d’esprit, cruel et peu sympathique. Cependant, on réalise vite que son comportement s’explique assez facilement : elle a apparemment souffert d’une rivalité avec sa sœur, qui recevait toute l’attention de leurs parents, et elle ne s’en est jamais complètement remise.
Pétunia vit dans son monde à elle, un monde où tous les gens qui sont sorciers (comme sa sœur) représentent le mal absolu. Elle maltraite son neveu, qui a le ‘malheur’ d’être sorcier, et tente de compenser l’injustice qu’elle a subie en gâtant son propre fils jusqu’à mettre en danger la santé physique et psychologique de ce dernier. Au lieu de penser à ce qu’elle a maintenant (un mari qui l’aime, un certain talent de cuisinière, assez d'argent pour mener une vie confortable), elle se ronge le cœur. Il lui est pratiquement impossible de comprendre et même d’écouter un point de vue qui n’est pas le sien.
Ce genre de choses arrive parfois dans le monde réel. Certaines personnes qui ont souffert (par exemple en étant harcelées à l’école) peuvent très bien réagir en agressant d’autres personnes et/ou en se coupant du monde. Je me souviens d’une fille qui, après avoir été brimée à l'école, s'était mise à "troller" les blogs de jeunes homos sur internet tout en répétant à tout bout de champ qu’elle était nettement plus mûre et ouverte d’esprit que la moyenne (comme si une personne mûre se vantait de sa maturité et comme si le harcèlement et l'homophobie étaient des marques d’ouverture d’esprit, voilà qui est bien triste). Il est extrêmement difficile de dialoguer avec ce genre de personne.
Ce comportement a sûrement déjà un nom mais comme je ne suis ni psy, ni savante, j’appelle ça le piège de Pétunia. Ce piège a des effets pervers : une personne qui tombe dedans aura de moins en moins de chances de recevoir la compassion et la sympathie d’autres personnes. Elle aura beau dire « mais ce sont les autres qui sont méchants », on n’aura pas forcément envie de l’écouter.
Que faire si on pense être tombé dans ce piège ? Voici quelques conseils :
- Allez voir un psy, il n’y a absolument aucune honte à cela. Si le courant ne passe pas, essayez avec un autre : on ne trouve pas forcément « le bon » du premier coup.
- Restez modeste, même sur internet. Si on se vante de valoir mieux qu’autrui, les gens ne risquent pas de vous aimer. Il faut savoir faire la différence entre une bonne estime de soi et un comportement arrogant.
- Intéressez-vous aux autres. Quand quelqu’un vous parle, écoutez-le et posez-lui des questions. Chaque être humain a quelque chose à apporter au monde.
- Quand on vous expose une idée, attendez un peu avant de porter un jugement. Ne partez pas du principe que les gens qui vous parlent sont forcément immatures, stupides ou superficiels. Pensez qu’ils peuvent vous apprendre des trucs.
- Si quelqu’un vous reproche votre intolérance, votre immaturité ou n’importe quoi et si cela vous met en rage, isolez-vous et prenez le temps de vous calmer, de pleurer, de lire, de courir, de manger du chocolat, ou n’importe quoi qui vous fasse du bien. Ensuite, essayez de vous mettre à la place d’autrui et réfléchissez à ce qu’on vous reproche. Tout le monde a des défauts, y compris vous. Les admettre et tenter de les corriger constitue une preuve de sagesse et de maturité. Souvent, la critique peut être une main tendue. Oh, et dans la vie, vous rencontrerez toujours des gens qui ne vous aiment pas. Sachez qu’ils ont autant le droit d’exister que vous.
- Jugez-vous aussi sévèrement que vous jugez les autres.
- Si vous vous rendez compte que vous avez blessé quelqu'un, excusez-vous, même brièvement. Mettez-vous à la place des autres: ils ont des sentiments, eux aussi. S'ils n'acceptent pas vos excuses, éloignez-vous et ne jouez pas les victimes incomprises.
- Eventuellement, utilisez l'humour quand vous vous sentez agressé (par exemple en disant: "oui, j'ai des tas de défauts. Tu veux bien me faire une liste, s'il te plait?") ça peut détendre l'atmosphère.
- Trouvez-vous un exutoire positif, comme par exemple le dessin, la course à pieds ou le bénévolat dans une association (liste non exhaustive).
Quelques conseils si vous connaissez une personne qui est tombée dans ce piège :
- Conseillez-lui, avec beaucoup de tact, d’aller voir un psy.
- Parlez-lui de ce qui est important pour vous. Dites-lui que vous vous intéresserez à sa vie si il/elle s’intéresse à la votre. Expliquez-lui que vos priorités ne sont pas les siennes ; ce n’est pas de l’égoïsme, c’est dans l’ordre des choses.
- Ecoutez-le/la si vous le voulez, compatissez si vous constatez une souffrance mais ne dites pas amen à ce qu’il/elle dit si vous n’êtes pas d’accord. S’il/elle vous harcèle ou vous agresse, dites stop !
- Si vous voulez faire remarquer à cette personne que quelque chose ne va pas dans son comportement, essayez autant que possible de garder votre calme. Expliquez-lui que vous lui dites ça pour l’aider. Si il/elle prend la mouche quand même, ne culpabilisez pas : vous avez fait de votre mieux !
- Gardez à l'esprit que cette personne a de sérieux problèmes. Son agressivité ouverte ou latente est le symptôme de troubles sérieux. Ne le prenez pas personnellement et concentrez-vous essentiellement sur ce qui est important pour vous au lieu d'essayer à tout prix de guérir cette personne.
- Eventuellement, utilisez l'humour quand il/elle vous énerve (par exemple en disant: "il faut tout de suite que je quitte cette pièce, ton ego prend vraiment trop de place").
- Si c’est trop dur, fuyez cette personne sans hésiter. Si vous êtes obligés de la cotoyer, gardez un espace de sérénité et n'y laissez entrer aucune personne ou attitude toxique.
Bon courage !